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              Ce que je rêve, qui ne se passera jamais...        

                    Je suis sur le chemin, mon sac sur le dos, la guitare sur ma droite. Il sera très facile de me retrouver, il va falloir que je sois très vigilante. Je suis très rapide, il est déjà minuit. Plus je m'éloignerais des petites routes, moins on me retrouvera. Je pris le bon Dieu pour que cela se passe comme prévu. Je mets une demi-heure pour atteindre la grande route. Il se trouve qu'être encombrée d'affaires est difficile pour avancer. Je n'ai pas pris de biscuits pour me donner de vitamines ; grave erreur. Je décide de faire du stop, peu de voitures passent, aucune ne s'arrête prenant cette folle pour une clocharde. Pour éviter que l'on me reconnaisse facilement, je me suis mis une écharpe multicolore sur la tête qui permet de cacher un peu mon visage et mes cheveux bouclés. Au bout de vingt minutes, un homme d'une trentaine d'années s'arrête sur le parking de Leclerc et me fait signe de venir. Je voudrais retourner chez moi et éviter de me faire violer et tuer à deux kilomètres de mon lit. Je prends près de moi ma bombe lacrymogène qui me permet de dédramatiser la situation. L'homme se trouve être une personne gentille et calme, me demandant où je vais. Vêtu naturellement, c'est le genre de personne timide qui passe inaperçue dans la rue. Seulement, parfois il se peut que ces personnes cachent un mal être et un instinct féroce et assassin, qui les pousse à tuer. Continuant à me faire des films, je m'approche doucement de lui. Il me fait signe de m'asseoir dans la voiture et me tend des cigarettes. J'en prends une volontiers. Il décide de me poser à Monflanquin puisqu'il s'y arrête. On commence à parler d'un peu de tout, d'abord, il ne me pose aucune question. J'apprécie les gens qui font preuve d'une assez grande discrétion surtout dans des moments si durs. Il doit savoir ce que je fais là. Mais lui a besoin d'un grand réconfort, il me parle de femmes et d'enfants, il me parle de divorce. Je crois que sa femme l'a quitté depuis un bon bout de temps et qu'il ne l'a pas accepté. Il sourit en racontant des histoires de son gamin de trois ans qui fait des bêtises et qui se traîne dans la boue avec ses copains. Je souris aussi et il me dépose.

                Monflanquin est une ville que j'apprécie beaucoup. Ville médiévale où j'aime me rendre. Cela me rappelle des souvenirs de ma seconde, de Valérie lorsque nous étions allés voir une exposition d'Andy Warhol. Elle y était habillée en blanc, un pantalon blanc court, des chaussures jaunes avec des chaussettes vertes. Il manquait une branche à ses lunettes et elle n'arrêtait pas de coller Jérémy ; pour lui faire un piou devant mes yeux. Je marche en repensant à tous ces souvenirs de jeunesse, je refais du stop, il faut que je parvienne à arriver chez elle avant la fin de la nuit. Il est déjà une heure et demi, si personne décide de me prendre, je vais avoir de gros problèmes pour parvenir à mes fins. A deux heures, c'est un couple qui décide de me prendre en demandant mon âge. J'ai conscience que les gens prennent un risque en prenant une mineure mais je préfère leur mentir pour arriver plus tôt. Ces deux personnes doivent avoir une quarantaine d'années, ils ont un chien dans le coffre qui n'arrête pas d'aboyer. Ça sent très mauvais. Ils vont encore plus loin que Bergerac, ils me déposeront là où je le souhaite. Je ne suis pas sûre de retrouver le chemin toute seule mais je pourrais bien y arriver. A deux heures et demi, nous y sommes. Ils m'arrêtent seulement quelques mètres avant la maison d'Emeline et je m'approche doucement. Je frappe très subtilement derrière son volet roulant. Il est difficile de faire cela sans réveiller toute la famille. N'ayant pas de portable, il semble  que cette tâche s'avère plus dure que les autres précédentes. Je tente même de décoller le volet pour qu'elle puisse entendre ma voix. Rien n'y fait. Emeline n'entend absolument rien. Désespérée, je m'assoie sous sa fenêtre. Faudra-t-il attendre le matin ? Nous sommes dimanche.

     

    A suivre...


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