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                  Ce que je rêve, qui ne se passera jamais

    Il y a des gens partout, des poireaux qui dépassent des poches des mamies, des bébés qui pleurent dans les poucettes, des gosses qui hurlent d'amusement, des couples qui se séparent pour de longs mois, de longues files de voiture, des klaxons gênants, des ados qui nous observent, des vieilles filles qui parlent de choses inintéressantes et des amoureux qui s'enlacent. Un homme, une femme comme on en voit dans toutes les rues. On porte nos sacs encombrants et je regrette d'avoir amener ma guitare. Mais elle serait utile si quelconque problème d'argent venait à nous gêner. Et puis aussi pour détendre l'atmosphère. Je sais qu'on marche sans savoir oû on va. J'ai peur des journaux, de mes parents, des siens qui nous rechercheront bientôt. Aucun doute pour les parents, il s'agira bel et bien d'une fugue de deux jeunes filles comme il en existe tant. Nous ne seront pas les seules à entreprendre un voyage interdit, à la recherche d'un Paradis Unique ; notre paradis unique. Je voudrais me teindre les cheveux pour éviter que l'on me reconnaisse, avec un peu de maquillage sur les yeux mais je me sens incapable de faire ce genre de choses. Emeline ne parle pas, je n'aime pas lorsque l'ambiance nous rend silencieuse ; ça cache obligatoirement un malaise. Je voudrais la rassurer mais faudrait-il que je le sois !

    Finalement, j'entreprends d'aller boire un petit chocolat chaud. Dans le café-bar, je pose ma main sur celle d'Emeline lui chuchotant que tout se passera bien. Les dangers sont peu écartés effectivement, les gens, les vieux, les ivrognes, le froid, l'argent, les fous, les gendarmes et les parents mais je parviendrais, avec un peu de courage à passer d'agréables moments avec la fille que j'aime. Pour le moment, je voudrais seulement pouvoir trouver un hôtel. Ainsi, on se poserait et on ferait le point sans se soucier des gens qui m'agacent. Nous sommes tout de même à Bordeaux mais les gens semblent être comme contrariés de voir deux filles se prendre la main. Ce n'est pas provoquant, je veux juste la toucher pour réaliser qu'elle est avec moi. Après ce petit chocolat, je décide donc de partir à la recherche d'un hôtel, avec si possible une baignoire. C'est une idée d'Emeline qui me donne encore des pensées saugrenues.

    En marchant deux heures, on trouve un petit hôtel avec aucun luxe, bien entendu, mais une baignoire située dans la chambre. La dame, bien vêtue, un peu étonnée de nous voir, vieille de par sa peau, jeune par ses vêtements, nous conduit jusqu'à la chambre n°12 ; je ne peux m'empêcher de penser à Valérie sur le coup. Je mets un pied à l'intérieur mais laisse la place à ma charmante compagne. Une chambre avec un lit propre, plutôt bien fait, une odeur de renfermé et des fenêtres encore closes. Une petite porte nous ouvre aux toilettes et à cette fameuse baignoire, très petite et pas très plaisante. Ce n'est certes, pas le confort absolu, mais une nuit à passer ici, et nous pourrons repartir demain matin. Il suffira de suivre notre bonheur.

    Deux tables de nuit sont soudés à côté des lits. Quelque chose sûrement de fait par un apprenti ou bien par un amateur. Un petit tableau de peinture, à gauche montre Bordeaux au 17ème siècle. Sinon, les murs verts clairs sont peu décapés et laissent des traces de doigts dans tous les recoins. Il ne nous reste plus qu'à attendre en s'enlaçant dans ce lit. Il est vrai que nous n'avons rien mangé, mais je me moque de manger. J'ai faim d'elle ; c'est tout.

    Je la prends par la taille, je sens qu'elle tremble de vivre cette histoire, j'essaie de la rassurer encore une fois, je sens ses yeux qui s'émerveillent devant moi lorsque je me décide à prendre des décisions. Mes mains baladeuses et les siennes font de nouvelles rencontres [...]

                Nous sortons dans la soirée pour pouvoir manger un peu. Et là, les flics nous voient et nous ramènent chez nous. L'histoire se termine comme ça. Il n'y a aucune suite parce que je l'ai décidé !

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  •                  Ce que je rêve, qui ne se passera jamais...    

                 Soudainement, j'entends un bruit de porte. Je vois des cheveux bruns sortir, ça ne peut être qu'Elle. Je la regarde, écarquiller les yeux, étonnée et tant surprise de me voir chez elle. Je me mets à pleurer de joie, de bonheur, je l'embrasse, je la prends dans mes bras, je me pince et je la touche, je ne rêve pas. On pleure doucement pendant quelques minutes. Seulement, cette fois, c'est différent. Il va falloir qu'elle prouve son amour, elle m'a demandé tant de fois de l'amener que cette fois-ci, je le fais.

    « Viens mon bébé, je t'amène. Prépare tes affaires, on s'en va ! »

    Emeline ne sait que faire face à cet amour qu'elle ressent, cette envie de partir, de s'enfuir, d'être heureuse, et face à ses parents qui la gronderaient, qui la puniraient. Elle me tient la main et la serre très fort, je lui dis que je l'aime, je lui redis. Je lui dis que je vais lui faire découvrir un peu le monde, qu'on le découvrira toutes les deux. Tout le monde nous dirait qu'on a encore le temps, seulement comme savoir si dans ce temps, je serais encore avec Elle ? Personne ne peut deviner ce qui se passe dans notre tête et encore moins dans notre couple. Emeline pleure encore, sans savoir pourquoi. Et là, je la vois qui se met à ranger ses affaires, très sourdement, elle prend un sac, quelques affaires de toilettes, des habits, ces quelques sous, elle me prend la main et me dit :

    « On y va ? »

    Je souris. C'est certainement là que tout commence alors.

                Etre dans ces bras, malgré nos encombrements, rien n'est plus beau. Il faut trouver une solution pour partir. Il ne nous reste plus que nous diriger vers la gare et alors, nous pourrions partir à Bordeaux, Agen, Paris le plus rapidement possible. On arrive à la gare vers sept heures. Je sue déjà. On s'arrête telles des vagabondes, avec nos sacs bombés. Mes pieds n'en peuvent plus malgré qu'une dame charmante nous a pris pendant près d'un kilomètre cinq cent. Sans gêne, je prends Emeline dans les bras, je voudrais dormir mais surtout manger. On trouve un petit bar près de là, où on me sert un café. Je n'ai effectivement pas dormi de la nuit, les remontants ne me feront que du bien. Je vois que je gêne Emeline en fumant une petite cigarette mais je ne peux m'empêcher. Le jour se lève, il faut très vite partir avant que les parents nous rattrapent.

                On prend le train à neuf heures, tant qu'il part, je m'en fous, on prend deux tickets et on s'en va vers Bordeaux. Après il sera plus facile de nous perdre. Je m'installe confortablement sur les sièges, on pose les affaires sur le sol. Je me sens davantage touriste que fugueuse. Je prends la main d'Emeline pour me donner du courage. Voilà qu'elle se fige, je crois qu'elle regrette mais pour éviter le changement d'avis, je me tais et je la prends dans mes bras de façon à ce qu'elle puisse poser sa tête contre mon cœur. Je sais qu'il bat vite, c'est depuis notre rencontre. Je n'ose pas lui dire qu'un grain de remords se fait ressentir à travers tous les sentiments que je ressens. On reste dans le train près d'une heure. J'ai jeté mon portable par la fenêtre, je veux tout oublier, je veux seulement être avec elle, je l'aime de plus en plus. On sort du train, nous voici à Bordeaux. Je vois le sourire sur les lèvres d'Emeline.


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  •           Ce que je rêve, qui ne se passera jamais...        

                    Je suis sur le chemin, mon sac sur le dos, la guitare sur ma droite. Il sera très facile de me retrouver, il va falloir que je sois très vigilante. Je suis très rapide, il est déjà minuit. Plus je m'éloignerais des petites routes, moins on me retrouvera. Je pris le bon Dieu pour que cela se passe comme prévu. Je mets une demi-heure pour atteindre la grande route. Il se trouve qu'être encombrée d'affaires est difficile pour avancer. Je n'ai pas pris de biscuits pour me donner de vitamines ; grave erreur. Je décide de faire du stop, peu de voitures passent, aucune ne s'arrête prenant cette folle pour une clocharde. Pour éviter que l'on me reconnaisse facilement, je me suis mis une écharpe multicolore sur la tête qui permet de cacher un peu mon visage et mes cheveux bouclés. Au bout de vingt minutes, un homme d'une trentaine d'années s'arrête sur le parking de Leclerc et me fait signe de venir. Je voudrais retourner chez moi et éviter de me faire violer et tuer à deux kilomètres de mon lit. Je prends près de moi ma bombe lacrymogène qui me permet de dédramatiser la situation. L'homme se trouve être une personne gentille et calme, me demandant où je vais. Vêtu naturellement, c'est le genre de personne timide qui passe inaperçue dans la rue. Seulement, parfois il se peut que ces personnes cachent un mal être et un instinct féroce et assassin, qui les pousse à tuer. Continuant à me faire des films, je m'approche doucement de lui. Il me fait signe de m'asseoir dans la voiture et me tend des cigarettes. J'en prends une volontiers. Il décide de me poser à Monflanquin puisqu'il s'y arrête. On commence à parler d'un peu de tout, d'abord, il ne me pose aucune question. J'apprécie les gens qui font preuve d'une assez grande discrétion surtout dans des moments si durs. Il doit savoir ce que je fais là. Mais lui a besoin d'un grand réconfort, il me parle de femmes et d'enfants, il me parle de divorce. Je crois que sa femme l'a quitté depuis un bon bout de temps et qu'il ne l'a pas accepté. Il sourit en racontant des histoires de son gamin de trois ans qui fait des bêtises et qui se traîne dans la boue avec ses copains. Je souris aussi et il me dépose.

                Monflanquin est une ville que j'apprécie beaucoup. Ville médiévale où j'aime me rendre. Cela me rappelle des souvenirs de ma seconde, de Valérie lorsque nous étions allés voir une exposition d'Andy Warhol. Elle y était habillée en blanc, un pantalon blanc court, des chaussures jaunes avec des chaussettes vertes. Il manquait une branche à ses lunettes et elle n'arrêtait pas de coller Jérémy ; pour lui faire un piou devant mes yeux. Je marche en repensant à tous ces souvenirs de jeunesse, je refais du stop, il faut que je parvienne à arriver chez elle avant la fin de la nuit. Il est déjà une heure et demi, si personne décide de me prendre, je vais avoir de gros problèmes pour parvenir à mes fins. A deux heures, c'est un couple qui décide de me prendre en demandant mon âge. J'ai conscience que les gens prennent un risque en prenant une mineure mais je préfère leur mentir pour arriver plus tôt. Ces deux personnes doivent avoir une quarantaine d'années, ils ont un chien dans le coffre qui n'arrête pas d'aboyer. Ça sent très mauvais. Ils vont encore plus loin que Bergerac, ils me déposeront là où je le souhaite. Je ne suis pas sûre de retrouver le chemin toute seule mais je pourrais bien y arriver. A deux heures et demi, nous y sommes. Ils m'arrêtent seulement quelques mètres avant la maison d'Emeline et je m'approche doucement. Je frappe très subtilement derrière son volet roulant. Il est difficile de faire cela sans réveiller toute la famille. N'ayant pas de portable, il semble  que cette tâche s'avère plus dure que les autres précédentes. Je tente même de décoller le volet pour qu'elle puisse entendre ma voix. Rien n'y fait. Emeline n'entend absolument rien. Désespérée, je m'assoie sous sa fenêtre. Faudra-t-il attendre le matin ? Nous sommes dimanche.

     

    A suivre...


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  • Ce que je rêve...qui ne se passera jamais.

     

                Déposant tous mes papiers dans mon bureau, je m'apprête à sortir pour aller au lit lorsque j'entends crier. Encore un soir d'orage entre mon frère et mon père, qui vient à mon tour. La rage s'enfouit en moi en quelques secondes, le corps ébranlé, rempli de cicatrices, je veux à nouveau me vider de ce sang si rouge, si vif. La porte de ma chambre se voit s'ouvrir sous des sanglots amers, une baffe vient se coller contre ma tempe, un hurlement discret sort de ma bouche. Avec force, je réponds en gardant mon silence, seulement en abusant de mon regard meurtri par leurs punitions et leurs chantages victorieux. Et les phrases de mon père retentissent dans mes oreilles :

    « Demande-moi quelque chose ! »

    Sous ce ton ironique, je comprends que la meilleure chose à faire dans ce cas présent est de s'éloigner de ces cris. Le colère s'empare alors de moi à chaque nouvelle entaille, il faut que je fasse quelque chose. Deux semaines déjà que je n'ai pas vu la fille qui fait tant battre mon cœur ; que faire si la mélancolie prend le dessus ? Je me pose des questions chaque seconde, pleurant la nuit et le jour pour trouver une solution à mon problème. Emeline est ma raison de vivre, je l'aime.

                Les yeux bouffis, les bras écorchés, les mouchoirs traînant sur mes bureaux, la guitare à terre gisant dans mon chagrin, je prends un sac vide, un sac jamaïcain pour être plus précise. Finalement calme, je m'empare de quelques culottes, de chaussettes, d'un seul pantalon de rechange, d'un seul pull puis quelques hauts. Mon sac est déjà rempli, je prends alors mon baladeur, je range ma guitare dans sa housse. Je veux tout enlever dans ma chambre mais je suis sûre que je reviendrai. Je pars rêver d'un autre monde, le monde que j'invente au fur et à mesure de mon existence. Je sais que je tomberai, des milliers de cadavres tombent chaque jour mais je me moque du futur. Je ne pense plus qu'à la fille de mes songes.

    M'asseyant sur le lit, je me prends à rêver de ce que je vais faire ; je la surprendrais, je veux la surprendre, je veux qu'elle m'aime. Préparant une cigarette pour me décontracter, j'ouvre les volets en m'assurant que ma porte est bien fermée et que nulle personne, à part ma voisine, ne peut me remarquer. Il commence à se faire tard et les gens dorment. Il est grand temps que j'écrive une lettre, seulement quelques mots qui expliqueraient sagement mon départ.

    « Je suis amoureuse ; j'en suis désolée, l'Amour est plus fort que tout. Je vous aime tous ; à bientôt »

    Je fais bien attention à marquer ma principale raison et surtout mon intention de revenir. Pour ne pas qu'ils ne le découvrent trop tôt, je préfère le cacher sous des débris de livres et de cahiers sans importance. Je range ensuite ce désordre dans mon armoire, de façon à se qu'ils mettent des jours à mettre la main dessus. Tout le monde connaît l'adresse d'Emeline.

                Je me prépare dès maintenant à ce fameux voyage, je pars, nous partons, je l'amène avec moi découvrir un monde nouveau. Je m'empare de toutes mes affaires personnelles, notamment des mouchoirs, mon journal intime, des serviettes, des gants pour me laver, ma brosse à dent, mon dentifrice. Il ne me reste que quelques sous dans ma chambre, je pique dans les portes-monnaies de mes parents, voilà que j'obtiens deux cent euros dans la finalité. J'effectue une dernière vérification, je dis au revoir à mes bougies, mon encens, mes draps, mon lit, mon beau lit, je pleure un peu effectivement. Je pleure de panique et par mon incompréhension à tous cela. Je n'oublie pas mon harmonica, ni de stylos, de parfum et mon calendrier. Je prends aussi un livre que je n'ai jamais lu. Et je pars enfin dans cette aventure extravagante.

     

    A suivre...


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